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Matières naturelles contre synthétiques

Un faux débat agite continuellement les amateurs de parfums.
Matières naturelles ou matières synthétiques ?
Cela n’a tout simplement pas lieu d’être, mais voyons cela dans le détail.

Depuis quand ?

Afin de comprendre le fond du problème, remontons dans le temps.
L’utilisation de matières synthétiques en parfumerie débute avec la coumarine et la vanilline. Les parfums Fougère Royale (Paul Parquet – 1882), et Jicky (Aimé Guerlain – 1889), marquent un tournant décisif.
Puis, viennent Trèfle Incarnat (L.T. Piver – 1896) et La Rose Jacqueminot (François Coty – 1904).

Beaucoup de parfums célèbres ont innovés en leur temps par l’ajout de matières synthétiques tels que :
> Shalimar (Jacques Guerlain – 1921), qui contient de l’éthylvanilline.
> N°5 de Chanel (Ernest Beaux – 1921), assemblé avec des aldéhydes.
> Miss Dior (Paul Vacher – 1947), qui utilise des lactones.

Finalement, nous voyons que la parfumerie moderne est née avant nos grands-parents. En fait, aucun des best-sellers de l’histoire du parfum n’est 100% naturel.
Au contraire, l’apport de matières issues de la synthèse développe la créativité des parfumeurs.
Bien que les parfumeurs continuent à utiliser les matières naturelles, leur proportion est inférieure à 5% dans le total des ingrédients utilisés. En conséquence, les ingrédients issus de la synthèse sont incontournables.

Qu’est-ce qu’une matière première synthétique ?

On assemble une matière synthétique en laboratoire. Cela peut être à partir de produits naturels (hémisynthèse), ou à partir d’autres molécules synthétisées (synthèse totale)

Prenons tout d’abord en exemple la vanilline citée précédemment :
On l’obtient à partir de l’eugénol (clou de girofle) et de gaïacol (goudrons de hêtre). C’est donc une synthèse de produits naturels. Étant présente à seulement 2% dans les gousses de vanilles, la production mondiale ne permet pas de couvrir les besoins. De ce fait, on obtient une molécule identique, 300 fois moins chère, en réduisant l’impact sur l’environnement.
Car il ne faut pas oublier que l’extraction des produits naturels se fait à l’aide de solvants (ether, benzene, hexane). Ces derniers ne sont ni naturels, ni bons pour la nature.

Ensuite, abordons le cas de la violette. Cette dernière ne donne rien une fois distillée, on ne peut pas l’extraire naturellement.
On utilise donc à sa place des ionones, qui recréent ses notes douces, florales, sucrées et chaudes.
Le muguet présente le même problème, que l’on résout notamment avec l’ hydroxycitronellal.

C’est également le cas de beaucoup de notes que vous aimez tant : Cuir, miel, tabac, amande, notes aquatiques, pomme, poire, pêche.

Synthétique donc, c’est bon marché ?

Pas vraiment non. Si reproduire une molécule en laboratoire peut être moins onéreux que de l’extraire dans la nature, certains produits sont très chers. Ainsi, certains citrons naturels sont très bon marché, tandis que la splendione (jasmin synthétique) crève le plafond. Le prix d’un composé ne détermine pas non plus sa qualité, mais reflète plutôt la rareté, la difficulté d’extraction de fabrication ou d’obtention. Tout cela rentre dans les lois de l’offre et de la demande.

Ok, mais naturel c’est moins dangereux !

Non plus. En fait c’est plutôt le contraire.
Les matières naturelles contiennent bien plus de substances susceptibles d’induire une réaction allergique.
Notre exemple ici sera le sandalore, qui est la molécule odorante du santal synthétisée.
Avec lui, il n’y a qu’une molécule, par conséquent, un seul allergène. Avec un bois de santal naturel nous avons des centaines de molécules différentes, en conséquence des centaines de possibilités de réactions allergiques.
C’est pour cela que l’IFRA (International FRagrance Association) limite régulièrement la quantité maximale de certaines matières dans la composition des parfums.
De plus, utiliser du sandalore évite de dévaster les forêts de bois de santal Indiennes, qui sont rasées petit à petit.

Que comprendre de tout ça ?

Et bien tout simplement que la parfumerie est un monde complexe et très vaste.
Celui qui voudrait aujourd’hui produire un parfum composé exclusivement de matières naturelles s’expose à très peu de choix dans ses ingrédients. Il est probable que le produit soit plat, de part le peu de combinaison possibles. Il ne faut pas oublier que les compositions du 19ème siècle et d’avant étaient en général des soliflores. Très certainement ce parfum ne plaira pas ou peu, les nez aujourd’hui sont habitués à plus de fantaisie et de variété.
En fait, si l’on compare à un tableau, pourquoi peindre en se privant du violet et du orange ?
Matières naturelles ou matières synthétiques ? personne ne gagne, tout simplement car les deux sont utiles !

Il y a un gros problème de communication autour des composés issus de la synthèse. Les gens les perçoivent comme étant des produits chimiques, nocifs, et forcément moins bon. Bien que cela change petit à petit, par la cause des certaines maisons avant-gardistes, qui communiquent de plus en plus à ce sujet.

Nous conclurons sur un point très simple : Il y a en ce moment sur le marché un parfum qui a un succès immense. Vous le connaissez surement. Vous le portez peut-être.

Il est 100% synthétique.

Alors, matières naturelles ou matières synthétiques, voulez vous vraiment séparer les deux ?

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1 réflexion sur “Matières naturelles contre synthétiques”

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